Préparez-vous au lieu de prédire : Assemblage de portefeuilles résilients grâce au crédit privé
3 min de lecturePendant des décennies, les investisseurs ont grimpé l’échelle des 60/40 d’un pas ferme. Aujourd’hui, celle-ci devient de plus en plus instable à chaque échelon. L’inflation élevée qui refuse de céder, les taux d’intérêt qui ne sont pas près de baisser et la corrélation de plus en plus étroite entre les actions et les obligations forcent les investisseurs à repenser la façon de bâtir leur portefeuille en utilisant d’autres options.
C’est là, et pour ça, que la conversation commence à s’orienter vers le crédit privé. Non seulement pour obtenir un rendement, mais comme outil de gestion du risque, pour contourner le frein de la duration et se préparer à la prochaine surprise du marché – peu importe quand et comment elle se produira.
Ash Lawrence, chef de Partenaires Capital AGF, et Ryan Dunfield, chef de la direction du SAF Group, expliquent pourquoi le crédit privé n’est pas seulement opportun – mais peut-être essentiel.
Pourquoi l’ancienne formule de d'assemblage des portefeuilles se délite
Le signal d’alarme s’est allumé en 2022. « Lorsque les taux d’intérêt et l’inflation augmentent de concert, les actions et les obligations évoluent de façon plus corrélée, explique Ash Lawrence. Je crois que ça conforte les gens dans l’idée de repenser les portefeuilles à 60/40. »
En réalité, la pondération à 60/40 n’a pas été conçue pour le monde actuel. Elle a très bien fonctionné pendant une longue période marquée par la baisse des taux et la faiblesse de l’inflation. C’est terminé. Le moment est maintenant venu de se demander ce qu’il convient d’ajouter à cette combinaison.
M. Lawrence fait valoir que, lorsque les grands indices comme le S&P 500 affichent une « concentration assez importante » et que seulement dix titres représentent environ 40 % de l’indice, tandis que les obligations traditionnelles sont aux prises avec une volatilité des taux, la diversification n’est plus ce qu’elle était.
L’ajout de stratégies non corrélées, comme le crédit privé, peut aider à rétablir l’équilibre.
Les marchés obligataires ne sont pas en phase avec la réalité
M. Dunfield va droit au but. « Les mécanismes de fixation des prix des obligations se sont détraqués », déclare-t-il, en faisant référence à la déconnexion des taux au comptant, des taux obligataires à long terme et des modèles.
Les écarts de taux des obligations de catégorie investissement sont comparables à ceux de la fin des années 1990, ce qui n’est pas logique, compte tenu des conditions macroéconomiques actuelles. Et la prétendue couverture obligations-actions? « Cela n’a pas assuré de couverture contre l’inflation, comme c’était censé le faire, précise M. Dunfield. En 12 mois, du printemps 2024 au printemps 2025, la corrélation entre les obligations et les actions est passée de 0,6 à 0,2, avant de remonter à 0,6. » Une telle volatilité donne un aspect peu fiable à la diversification classique.
Son argument : la relation entre les actions et les obligations n’est plus ce qu’elle était. Leur corrélation fluctue considérablement, de sorte que, parfois, les obligations ont atténué les pertes, alors que d’autres fois elles les ont aggravées. Une telle volatilité donne un aspect moins fiable à la diversification classique.
Crédit privé à taux variable : des revenus qui augmentent en fonction des taux
En revanche, le crédit privé à taux variable fonctionne selon un jeu de règles différent.
M. Dunfield l’explique simplement : « En tant qu’investisseur, vous recevez un écart de taux qui s’ajoute au taux sans risque. Par conséquent, si le taux sans risque commence à augmenter, le montant total du coupon que vous recevez sera plus élevé. »
C’est exactement ce que les clients attendaient des obligations – et le type de résultat qui leur convient. « C’est aussi simple que cela », dit-il.
M. Lawrence ajoute que l’approche du SAF Group est axée sur les titres de créance privés garantis de premier rang. « À mes yeux, c’est complémentaire aux stratégies d’actions et de titres à revenu fixe [traditionnels]. »
Contrairement aux obligations à taux fixe, les prêts variables sont réinitialisés en temps réel. Vous n’êtes pas coincés avec le taux d’hier. Et lorsque les prêts sont renouvelés? Ils le sont au taux actuel. Ainsi, les portefeuilles ont les taux les plus récents – et les investisseurs continuent à percevoir des revenus.
Pour éviter les pièges de la duration et le casse-tête des réinvestissements
Avec les obligations traditionnelles, on est bloqué avec les taux d’hier. Et quand elles arrivent à échéance? On doit réinvestir ce que le marché nous donne – souvent moins.
Comme l’explique M. Dunfield : « Si vous aviez acheté une série d’obligations de catégorie investissement il y a deux ans, les écarts de taux étaient de 175 pb… Aujourd’hui, ils sont de 85 pb, et devinez quoi? Ils sont sur le point de s’inverser. Vous achetez donc à contrecœur à un écart de 85 pb, sachant que ça va probablement renouer avec la moyenne et que le cours va baisser. »
Le crédit privé inverse l’équation. On obtient de meilleures structures, des engagements plus solides et une exposition à un taux variable. De plus, les prêts sont souvent assortis de planchers – de sorte que même si les taux baissent, ils ne tombent pas sous un minimum fixé.
« Nous nous appliquons énergiquement à mettre ces planchers en place quand les taux sont élevés, précise M. Dunfield. « Heureusement, au Canada, on ne rivalise pas avec les titres adossés à des prêts et les marchés financés par des taux, ce qui permet de négocier des planchers assez proches du taux au comptant. »
L’avantage du Canada : Un marché moins saturé, plus souple
M. Dunfield souligne un avantage négligé : « Le marché canadien représente environ un quarantième du marché américain du crédit privé. »
Ça peut sembler limitatif, mais en pratique c’est un énorme avantage. Sa taille plus modeste peut se traduire par une moindre concurrence, de meilleures modalités et, surtout, plus de temps pour structurer les opérations. « L’équilibre tend à être plus favorable pour nous, en tant que prêteur… et on en profite. »
« On ne voit pas souvent de grands investisseurs new-yorkais très avertis aller chercher des occasions au Canada, dit-il. Et comme la concurrence est moins importante, l’équilibre tend à nous être plus favorable sur le marché, en tant que prêteur… on a une meilleure emprise sur les prix, plus d’engagements et le temps nécessaire pour évaluer le risque. »
On a également un petit groupe spécialisé de prêteurs privés au Canada, en particulier pour les PME canadiennes, et très peu de pression de la part des marchés des prêts consortiaux ou publics. Résultat? Un créneau réel et pratique que peuvent utiliser les investisseurs privés – ce que certains font déjà.
Repli des banques. Le crédit privé intervient.
Certains déplorent que le crédit sorte des banques. M. Dunfield répond sans détour.
« Les banques sont des entités très réglementées au levier financier très important, financées par des dépôts qui peuvent être retirés », explique-t-il. Il ne s’agit pas d’activités de banque parallèle, mais d’une ouverture. Les accords de Bâle III faisant déjà sentir leurs effets, tandis que ceux de Bâle IV sont attendus d’ici le milieu de 2026, les banques canadiennes font face à des exigences plus élevées en matière de réserves de capitaux et pourraient devoir liquider jusqu’à 270 G$ d’actifs, selon la Banque Scotia1. Ce qui rend les prêts aux moyennes entreprises moins attrayants à leurs yeux que les titres de créance de qualité investissement et les incite à s’effacer.
Les gestionnaires de crédit privé, en revanche, ont généralement un moindre levier financier, sont plus patients et sont soutenus par des capitaux immobilisés. « Le crédit passe entre des mains, disons, plus stables », précise-t-il. Résultat : le déficit de financement augmente pour les PME. Les prêteurs privés ont la carrure voulue pour combler la brèche : ils apportent des capitaux patients, de meilleures structures et de la rapidité alors que les banques sont soumises à des contraintes. Pour les conseillers et les investisseurs, il ne s’agit pas seulement d’une protection contre la volatilité, mais d’une occasion de participer à un changement structurel du mode de déploiement des capitaux.
Profil à rechercher chez un gestionnaire de crédit privé
Pour choisir d’un gestionnaire de crédit privé, M. Lawrence propose trois critères clés élevés :
- Compétence en structuration : « L’idée du crédit est d’atténuer le risque de baisse. Cette caractéristique est d’une importance vitale, surtout dans le cas du crédit privé. »
- Résultats des simulations de crise : « Il est essentiel que [le gestionnaire] ait des capacités de restructuration. »
- Compatibilité stratégique : « Rapprochez les résultats de placement que vous cherchez aux compétences du gestionnaire. »
Il souligne qu’AGF investit auprès du SAF Group depuis 2014 dans plusieurs instruments, dont la Fiducie de crédit privé AGF SAF, qui donne accès aux avantages potentiels du crédit privé que seuls les investisseurs institutionnels pourraient autrement obtenir.
De l’importance de la gouvernance dans ce partenariat
La plupart des partenariats s’arrêtent à la distribution. Pas celui d’AGF et de SAF, qui ont établi une véritable coentreprise – et on voit ce qui compte : la gouvernance.
Les conseillers connaissent les enjeux. Des investisseurs ont déjà été livrés au bûcher d’une surveillance défaillante. Aussi la solidité d’AGF en matière de conformité et l’expertise de SAF en matière de crédit font-elles sortir du lot cette structure.
Le partenariat est conçu pour éviter les conflits et améliorer la prise de décisions.
Dans la pratique :
- Les prêts sont approuvés par un comité de placement mixte composé des deux sociétés.
- Les évaluations sont traitées de façon indépendante avec un tiers, à l’écart de l’équipe chargée de l’opération qui a établi les prêts.
- La validation finale des évaluations est confiée à un comité formé de spécialistes de la conformité, du risque et du crédit d’AGF – encore une fois, distinct de l’équipe de montage des prêts de SAF.
Cette séparation maintient l’objectivité du jugement. Les conseillers y voient un solide modèle de gouvernance pour le crédit privé aux particuliers au Canada – et un filet de sécurité intégré pour les clients.
Là où se présentent actuellement les occasions
M. Dunfield fait allusion à certaines des stratégies à court terme que cible SAF pour la stratégie de crédit privé AGF SAF: mines et métaux, pools de prêt immobilier (par le biais d’intermédiaires non bancaires), prêts sur VAN aux institutions financières (prêts accordés sur la valeur de l’actif net du portefeuille d’actifs de placement d’une institution financière) et financement reposant sur l’actif (prêts accordés sur des blocs de créances hypothécaires, des créances sur cartes de crédit, des prêts d’équipement, des créances de sociétés, etc.).
Ce ne sont pas des opérations qu’on trouve sur le marché libre. Elles sont personnalisées, négociées et structurées de façon à donner aux investisseurs un avantage corrigé du risque.
Les gestionnaires de crédit privé sont inquiets par nature (et tant mieux!)
Lorsqu’on lui demande pourquoi c’est le moment de se préparer à ce qui nous attend sur les marchés au lieu d’essayer de prédire l’avenir, M. Dunfield répond simplement : « Il ne s’agit pas de deviner si l’échelle résistera à moyen et à long terme, mais d’en renforcer les barreaux aujourd’hui, pour qu’elle reste stable, quoi qu’il arrive. »
« Je suis un gars de crédit. Je prends un parapluie même quand le ciel est dégagé, ajoute-t-il. Je m’inquiète de la stagflation. Je suis inquiet que les taux frôlent étrangement ceux des années 1970 et 1980 et je crains de voir s’amorcer une autre période d’inflation sous l’effet combiné de réductions de taux hâtives et des droits de douane. Le marché canadien des PAPE est faible. Les banques sont de plus en plus réglementées. Le consommateur d’aujourd’hui est extrêmement fragile. »
M. Lawrence ajoute : « Si vous voulez vous préparer, j’ai l’impression qu’il est temps de commencer à repenser votre portefeuille en veillant à ce qu’il soit bien diversifié. »
Points à retenir
Les outils et stratégies qu’utilisent les conseillers pour guider leurs clients doivent suivre l’évolution des marchés. Voici les principaux points à retenir de la conversation :
Les portefeuilles 60/40 doivent être consolidés : L’ancienne répartition fonctionnait à une époque de faibles taux. Comme les actions et les obligations évoluent désormais en synchronie, l’ajout de titres de créance privés peut éventuellement rétablir l’équilibre.Équilibre entre les obligations et le crédit privé : Les obligations demeurent essentielles pour les portefeuilles, mais le crédit privé – qui offre une duration plus courte, des engagements plus solides, des planchers de taux et des rendements concurrentiels – est complémentaire et l’association des deux peut accroître la résilience dans un contexte de maintien prolongé des taux à des niveaux élevés.
L’avantage sous-évalué du Canada : Quand le marché est plus petit et moins saturé, on a habituellement une meilleure emprise sur les prix, des modalités plus solides et plus de temps pour structurer les opérations.
La qualité du gestionnaire est importante : Au moment de la sélection, la gouvernance et les compétences revêtent plus d’importance que les antécédents en matière de rendement. Partenaires Capital AGF estime que la structuration, l’expérience éprouvée en situation de crise et l’harmonisation avec les objectifs des investisseurs permettent aux meilleurs de sortir du lot.
Notes en bas de page :
1 Banque Scotia : « Le gouvernement fédéral veut-il vraiment que les banques prêtent moins? » 24 mai 2024.
La version originale anglaise du présent article a initialement été publiée sur le site Advisor Analyst le 29 septembre 2025.
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