Que se passe-t-il quand les banques centrales changent de cap?
Que se passe-t-il quand les banques centrales changent de cap?
Des analystes d’AGF expliquent comment un ralentissement de la hausse des taux d’intérêt (ou un arrêt pur et simple) pourrait influer sur des secteurs clés des marchés des actions et des titres de créance en 2023.
Actions
Est-ce que l’énergie tombera en panne sèche?
Dillon Culhane
Au cours des deux dernières années, le secteur de l’énergie a surclassé l’ensemble des marchés boursiers, car il a été stimulé par la reprise de la demande dans l’ère de l’après-COVID, par des années de sous-investissement dans les approvisionnements, par la rigueur de cette industrie à l’égard de son capital, par les évaluations attrayantes des actions et par l’attention particulière portée à la sécurité énergétique à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Malgré la poussée inflationniste et la montée des taux d’intérêt, le secteur de l’énergie a été le seul à afficher des révisions positives de bénéfices et des flux de trésorerie disponibles en hausse, permettant d’augmenter les rendements des actionnaires et de réduire l’effet de levier sur les bilans – le secteur a donc peu souffert de l’augmentation du coût de l’endettement. Bien sûr, l’augmentation des prix de l’énergie est un facteur déterminant de l’inflation et des majorations de taux d’intérêt qui en découlent, qui sont conçues pour ralentir l’économie en réduisant théoriquement la demande d’énergie. Toutefois, les récessions antérieures n’ont eu qu’une incidence éphémère ou ténue sur la demande de pétrole et de gaz.
Dès qu’une pause relativement à la hausse des taux d’intérêt sera manifeste, le secteur de l’énergie se retrouvera probablement à la traîne des secteurs de croissance et des autres retardataires du marché. Mais, cela ne signifie pas nécessairement qu’il sera négocié à la baisse. En octobre dernier, le jour où le recul du taux d’inflation américain a été annoncé, le S&P 500 a progressé de 5,5 %, les secteurs de la technologie (8,3 %) et de l’immobilier (7,7 %) ayant été les plus performants; néanmoins, celui de l’énergie a enregistré un résultat de 2,2 %, selon Bloomberg. Une pause dans le relèvement des taux devrait indiquer que l’inflation a atteint son creux et que la croissance économique finira par reprendre, ce qui est prometteur pour la demande d’énergie. De nombreuses forces structurelles soutiennent également ce secteur, y compris le fait que l’Europe s’éloigne de l’utilisation de l’énergie russe, la volonté de l’OPEP de gérer l’offre et la réouverture à venir de la Chine. Ainsi, même s’il est peu probable que le secteur de l’énergie continuera de surperformer par rapport à l’ensemble du marché quand les banques centrales auront changé leur position à l’égard des taux, il est tout à fait possible que les prix du pétrole et du gaz restent dans une fourchette autour des niveaux actuels au cours des prochaines années, ce qui permettra aux sociétés énergétiques de tirer de solides bénéfices.
Rendements des secteurs de l’indice S&P 500
Source : Bloomberg LP, au 25 novembre 2022.
Comment le secteur de la finance affrontera-t-il un ralentissement économique?
Richard Fisher et Wyeth Wright
Du côté des banques, l’avantage découlant de la hausse des taux d’intérêt devrait s’atténuer à mesure que nous progresserons en 2023. À plus court terme, les banques devraient connaître une bonne croissance des revenus nets d’intérêts, grâce aux marges supérieures associées à une inflation plus lente des coûts des dépôts, à une croissance modérée des demandes de prêts et à une qualité plutôt acceptable du crédit. Les institutions financières possédant les franchises de dépôt les plus robustes devraient se démarquer, car elles ont généralement des sources de revenus plus diversifiées et les plus grands portefeuilles de titres dans leurs bilans (qui sont habituellement réévalués plus rapidement que les prêts). La décélération des bénéfices résulte de l’évolution de la composition des dépôts vers des financements à terme plus coûteux, comme les CPG, et de la concurrence accrue vis-à-vis des dépôts et des prêts à mesure que l’économie ralentit sous le poids de taux plus élevés. En outre, durant ce fléchissement de l’économie, les banques se constitueront des réserves pour les prêts productifs, afin de faire face aux pertes potentielles à prévoir.
À court terme, les ratios des titres financiers sensibles à la consommation tireraient parti d’un ralentissement de la hausse des taux. Toutefois, une récession ou une transition abrupte entraînant une augmentation du taux de chômage et une détérioration de l’économie pèserait sur l’ensemble du secteur, et ce, même dans des conditions de liquidité financière favorables; nous pourrions ainsi nous attendre à voir davantage de défaillances et de radiations, ce qui exercerait une pression à la baisse sur les bénéfices. La dégradation accrue du crédit, accompagnée d’une réévaluation à la baisse du secteur, nuirait aux rendements des actions bancaires. En ce qui concerne les compagnies d’assurance, celles présentes dans le domaine de l’assurance des particuliers et des entreprises devraient surpasser leurs homologues de l’assurance vie en raison de leur exposition moindre au marché boursier et de leurs caractéristiques défensives – en supposant, bien sûr, que l’inflation n’augmente pas le coût des sinistres plus que prévu. Les assureurs dont les contrats sont de plus courte durée devraient également bien s’en sortir en matière de bénéfices, car leurs investissements seront transférés dans d’autres placements dont les taux sont plus élevés.
Le secteur des biens industriels est-il en mesure d’affronter la tourmente?
Lazar Naiker et Wai Tong
En dépit de l’incertitude macroéconomique liée à la direction adoptée par la Réserve fédérale américaine à l’égard des taux et à son impact potentiel sur l’économie, le secteur des biens industriels est exposé à des moteurs de croissance séculaire qui devraient soutenir une vive demande de moyen à long terme. La transition énergétique, qui comprend les énergies renouvelables, la résilience des réseaux, l’électrification et la décarbonisation, de même que la mise à niveau des infrastructures et la sécurité de l’eau, constituent les domaines clés pour étayer la croissance.
Les chaînes d’approvisionnement restent limitées, et de nombreux marchés sont restreints par l’offre plutôt que par la demande – occasionnant des niveaux de stocks élevés. En temps normal, cette situation serait préoccupante à l’approche d’une récession potentielle; cependant, vu les perturbations liées aux chaînes d’approvisionnement pendant la pandémie, une augmentation structurelle des stocks est probablement attribuable à une approche axée sur des niveaux de stocks « juste au cas » plutôt que « juste à temps ». La question est de savoir si la demande déclinera suffisamment pour dépasser les contraintes de l’offre sur le marché et faire en sorte que les niveaux de stocks deviennent excédentaires.
Les résultats trimestriels les plus récents des sociétés industrielles cycliques n’ont montré aucun signe de ralentissement de la demande. La plupart de ces fabricants affichent toujours des ratios stocks/ventes inférieurs à leur niveau historique, tout en ayant des arriérés de commandes record. Ces arriérés, jumelés à la demande de reconstitution des stocks, pourraient maintenir une demande plus que suffisante pour permettre à ces sociétés industrielles cycliques de traverser un léger recul jusqu’à ce que la demande du marché final se redresse. Les coûts de logistique et des matières premières, qui ont atteint un sommet et commencent maintenant à diminuer, devraient procurer de meilleures marges aux fabricants et compenser le manque de pouvoir de fixation des prix dans un contexte de ralentissement de la demande.
Dans l’ensemble, nous croyons que ces facteurs de croissance à plus long terme appuieront le secteur des biens industriels pendant le prochain cycle, par rapport au marché. L’ampleur d’un repli à court terme déterminera les risques de perte en cas de baisse. Ni un ralentissement de la croissance ni une légère récession ne devrait avoir un impact négatif important, et ce, en raison des fondements structurels des contraintes de la demande et de l’offre.
Titres à revenu fixe
La qualité importera-t-elle davantage que le rendement?
Jean-Sébastian Nadeau
La fin du cycle de resserrement des taux des banques centrales constituerait une bonne nouvelle pour le marché des titres à revenu fixe, mais nous croyons que les investisseurs devraient rester prudents. Les titres à revenu fixe jouent deux rôles principaux, à savoir générer un revenu et conserver le capital, agissant à titre de point d’ancrage au sein d’un portefeuille diversifié composé d’actions et d’obligations. Malgré la fin possible du cycle de resserrement, les obligations de sociétés de qualité devraient surclasser les obligations de moindre qualité pendant le premier semestre de 2023. Les banques centrales interviennent généralement tardivement et changent de cap lorsqu’il est déjà trop tard; autrement dit, elles abaissent couramment les taux alors que l’économie est déjà en récession. Aussi, les obligations de moindre qualité enregistrent habituellement des rendements inférieurs en périodes de récession.
Nous restons donc optimistes à l’égard des obligations de sociétés de qualité, vu leurs évaluations attrayantes et le potentiel élevé qu’elles revêtent actuellement de générer des revenus; de plus, nous pensons qu’elles sont en mesure d’atteindre des rendements à un chiffre moyen ou élevé en 2023. Les obligations américaines de qualité offrent maintenant des rendements supérieurs à ceux que les obligations à rendement élevé promettaient il y a 12 mois, étant donné les majorations historiques des taux d’intérêt par la Réserve fédérale en 2022. Par contre, une fois que le cycle de resserrement sera vraiment terminé, les obligations de sociétés de moindre qualité pourraient commencer à surclasser les obligations de qualité supérieure. En général, ce contexte serait de bon augure pour le marché des obligations de sociétés en 2023, car la hausse des revenus devrait compenser toute faiblesse potentielle des prix. Un changement de cap de la banque centrale ne signifie pas nécessairement la fin de la volatilité sur le marché, mais compte tenu des évaluations actuelles, le marché obligataire offre de nombreuses occasions de rendement élevé et de faible risque en 2023.
États-Unis – Obligations de qualité c. Obligations à rendement élevé
Source : HSBC, à partir de données de Bloomberg.






Dillon Culhane est analyste principal des actions du secteur de l’énergie, plus particulièrement celles des sociétés pétrolières et gazières, de même que du secteur de l’immobilier.
Avant de se joindre à AGF, M. Culhane était analyste adjoint chargé de la recherche sur les actions dans le secteur de l’énergie, à RBC Marché des capitaux. Auparavant, il a été associé principal à Deloitte & Touche LLP.
M. Culhane est titulaire d’un baccalauréat en commerce de l’Université Queen’s, en plus d’être comptable agréé et analyste financier agréé (CFA®).
CFA® (Chartered Financial Analyst®) est une marque de commerce du CFA Institute.
Richard Fisher est responsable de la recherche fondamentale dans les sous-secteurs de la finance (banques mondiales), de même que des transports et des infrastructures de transport. Il travaille en étroite collaboration avec les gestionnaires de portefeuille d’AGF en leur livrant des analyses et des recommandations sur les aspects qualitatif et quantitatif. Il soutient l’équipe de recherche sur les actions en visitant des sociétés et en fournissant de la documentation sur les résultats de ses recherches.
Avant de se joindre à l’équipe, il a occupé plusieurs postes au sein du volet des ventes au détail d’AGF. Récemment, il a été vice-président régional, après avoir exercé des fonctions à responsabilités croissantes depuis ses débuts à AGF, en 1996.
M. Fischer est titulaire d’un baccalauréat spécialisé (avec distinction) de l’Université York et d’une maîtrise en économie de l’Université de Waterloo.
Jean-Sébastien Nadeau est cogestionnaire de portefeuille pour les stratégies d’AGF axées sur les titres de revenu à court terme et sur le marché monétaire, ainsi que pour le FNB Actions mondiales Facteurs ESG – Approche systématique AGF. Il apporte son soutien dans le cadre des analyses fondamentales et des recherches sur le crédit. Il possède également des antécédents solides dans la mise au point de modèles quantitatifs, aussi bien pour les obligations de sociétés que pour les obligations souveraines, ainsi qu’une expertise toute particulière dans les secteurs des technologies, des médias et des télécommunications, de même que dans le secteur de la consommation cyclique.
Avant de se joindre à AGF, il occupait le poste d’analyste principal à la Banque du Canada, dans le cadre duquel il effectuait des analyses axées sur les banques en Amérique du Nord, en Europe et en Asie, de même que sur les entités liées à des administrations publiques.
M. Nadeau est titulaire d’un baccalauréat spécialisé en administration des affaires (avec spécialisation en finance) et d’un MBA (finance) de l’Université Laval, en plus d’être gestionnaire des risques financiers (FRM) et analyste financier agréé (CFA®).
CFA® (Chartered Financial Analyst®) est une marque de commerce du CFA Institute.
Lazar Naiker est analyste principal du secteur des biens industriels.
Professionnel chevronné de l’investissement, il possède de l’expérience dans le secteur des ressources et dans la gestion de portefeuilles d’actions. Avant de se joindre à AGF, il a travaillé dans le domaine bancaire et dans la gestion d’actif, où il a pu acquérir des compétences dans la recherche sur les actions (courtage), de même que dans la gestion de fonds et de comptes.
Il est titulaire d’un baccalauréat ès sciences (avec distinction) et d’un baccalauréat en commerce de l’Université du Witwatersrand, à Johannesburg.
Wai Tong est analyste principal. Il se spécialise dans le secteur des biens industriels. Depuis qu’il s’est joint à AGF en 2006, il travaille étroitement avec l’équipe de gestion des portefeuilles d’actions, en fournissant des analyses descendantes et ascendantes à cet effet. Il contribue à la génération d’idées dans le contexte des portefeuilles, notamment en participant à la modélisation financière, de même qu’aux réunions avec les équipes de direction des sociétés dont les titres sont considérés aux fins d’investissement pour les portefeuilles.
Au cours de sa carrière dans le domaine des marchés financiers mondiaux, il a effectué de la recherche sur les actions pour BMO Nesbitt Burns pendant trois années, au cours desquelles il s’est concentré sur les segments de marché du matériel de télécommunications et de l’équipement industriel. Auparavant, il a travaillé pendant deux ans dans les services bancaires d’investissement, au sein du groupe des médias et télécommunications de Bank of America Securities. Avant d’entrer dans l’industrie des placements, M. Tong a été ingénieur pour IBM Corp. et Nortel Networks.
Wai Tong est titulaire d’un baccalauréat en génie électrique de l’Université Queen’s et d’un MBA de la Richard Ivey School of Business, de l’Université Western Ontario. Il est analyste financier agréé (CFA®), en plus d’être ingénieur.
CFA® (Chartered Financial Analyst®) est une marque de commerce du CFA Institute.
Wyeth Wright est analyste. Il se spécialise dans les secteurs de la finance et de l’immobilier. Auparavant, il s’occupait des secteurs des télécommunications et des services aux collectivités.
Avant d’exercer ces fonctions, il faisait partie du groupe de spécialistes de portefeuilles à AGF, au sein duquel il était chargé de surveiller l’évolution des marchés clés et de fournir en temps opportun des mises à jour à l’équipe des ventes d’AGF.
M. Wright est titulaire d’un baccalauréat en économie de l’Université Queen’s (avec mention honorifique) et étudie actuellement afin d’obtenir le titre d’analyste financier agréé (CFA®).
CFA® (Chartered Financial Analyst®) est une marque de commerce du CFA Institute.
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