Que réserve l’avenir à la politique de la banque centrale?
Que réserve l’avenir à la politique de la banque centrale?
Malgré les trois baisses de taux d’intérêt prévues pour 2025 aux États-Unis, l’histoire a démontré que les marchés des capitaux reflètent rarement avec exactitude les prévisions de la banque centrale.
Au début de 2024, les économistes et les observateurs du marché étaient de plus en plus sûrs que la tendance à la désinflation amorcée en 2023 continuerait, ce qui permettrait aux banques centrales de se concentrer sur l’assouplissement de leur politique monétaire. Ce point de vue a été renforcé par la volte-face de la Réserve fédérale américaine (Fed) – dont le président, Jay Powell, a adopté un ton plus conciliant en décembre 2023. Les inquiétudes persistantes quant à la possibilité d’une récession, exacerbées par la hausse progressive du taux de chômage aux États-Unis, ont également indiqué que les banques centrales prendraient une position plus accommodante. En effet, l’optimisme entourant ce scénario était tel qu’en janvier, les marchés mondiaux actualisaient près de sept baisses de taux de 25 points de base par la Fed en 2024.
Toutefois, une croissance économique résiliente et une inflation plus persistante que prévu ont forcé les marchés à revoir leurs attentes au sujet des réductions de taux. En fin de compte, la Fed n’a abaissé les taux que de moitié, en regard des prévisions au début de 2024, et de nombreuses autres banques centrales, plus limitées par une désinflation obstinément lente que par une croissance solide, ont emboîté le pas. Le Canada a été une exception, car une désinflation accélérée, une montée rapide du taux de chômage et une croissance décevante du produit intérieur brut ont permis à la Banque du Canada (BdC) de réduire ses taux à cinq ou six reprises conformément aux attentes au début de 2024.
Alors, que nous réserve 2025? Les observateurs des banques centrales soutiennent la thèse selon laquelle l’économie américaine est vigoureuse, et les sondages auprès des investisseurs indiquent que les craintes d’une récession sont aux niveaux les plus bas depuis quelques années. En outre, l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis a amené les marchés de taux à réévaluer les perspectives de croissance (en raison de réductions d’impôts et de déréglementation potentielles) et d’inflation (compte tenu de tarifs douaniers et d’expulsions potentiels). Par conséquent, seulement deux ou trois baisses de taux sont prévues pour l’an prochain.
Cependant, l’histoire a démontré que les marchés mondiaux reflètent rarement avec exactitude les prévisions concernant les taux des banques centrales. En fait, dans le cas de la Fed, le marché a oscillé entre des attentes de baisses de taux tantôt élevées et tantôt faibles à trois reprises au cours des 18 derniers mois, alors que l’inflation et les données économiques fluctuaient. Il serait plus surprenant que le consensus actuel se réalise. Dans cet esprit, le présent optimisme à l’égard des perspectives de croissance aux États-Unis, laissant supposer une réduction modeste des taux qui en découleraient, pourrait être quelque peu erroné. Il est plus réaliste de présumer que l’administration Trump se hâtera de mettre en œuvre la partie de son programme pouvant être promulguée par décret sans le soutien du Congrès. Ces articles comprennent les tarifs douaniers et les expulsions, qui ont tous deux le potentiel de freiner la croissance et de faire grimper la valeur du dollar américain, ce qui pourrait aider à compenser tout effet inflationniste. Une politique favorable à l’énergie, relevant aussi – du moins en partie – d’un décret, pourrait également ralentir l’inflation. Ce résultat pourrait amener les marchés à prendre en compte une approche plus énergique de réduction des taux au début de 2025, ce qui n’est pas conforme au consensus actuel. À l’inverse, plus tard en 2025, la majorité républicaine au Congrès rend plus probable une prolongation des réductions d’impôts que M. Trump avait entamées en 2017, potentiellement avec des réductions supplémentaires de l’impôt sur les sociétés. La déréglementation devrait également prendre de l’ampleur plus tard dans l’année. Un tel scénario pourrait entraîner des baisses de taux moins fréquentes en 2025, et si la croissance et l’inflation devaient vraiment s’accélérer, une fin prématurée du cycle d’assouplissement (ou même des hausses de taux) serait envisageable à la fin de 2025. En somme, même si le moment et l’ampleur des baisses de taux sont susceptibles de fluctuer, nous pensons que la Fed restera sur la voie de l’assouplissement en 2025.
La Fed doit également prendre en considération la politique budgétaire. Les déficits devraient rester élevés, de sorte que le Trésor devra émettre des montants substantiels de titres de créance, mais l’émission de bons du Trésor et d’obligations sera cruciale. Cela pourrait influer sur le programme de resserrement quantitatif de la Fed. Quoi qu’il en soit, la Fed devrait ralentir l’application de ce programme en 2025 en fonction de la quantité de liquidités et de réserves dans le système.
Les perspectives de la Banque du Canada (BdC) diffèrent quelque peu, même si les mesures accommodantes devraient se poursuivre tout comme aux États-Unis. La BdC est déjà plus proche de son taux neutre à long terme que la Fed et a déjà réduit son taux de manière plus vigoureuse. Comme elle est plus avancée dans son cycle d’assouplissement, la BdC pourrait bien cesser de baisser son taux avant la Fed, surtout si les prix de l’immobilier ou la croissance économique commencent à se redresser. Alors que nous approchons de la fin de 2024, les premiers signes d’amélioration à cet égard appuient ce point de vue.
Enfin, nous croyons que la politique monétaire est susceptible de diverger dans le reste du monde. Les perspectives de l’Europe semblent être parmi les plus moroses compte tenu des guerres commerciales, des conflits géopolitiques, de la croissance démographique anémique et de la faible productivité, de sorte que la Banque centrale européenne, la Banque d’Angleterre et d’autres banques, comme la Banque nationale suisse et la Banque de Suède, pourraient maintenir leurs politiques de réduction des taux directeurs. La Banque populaire de Chine pourrait continuer d’assouplir sa politique dans le but de relancer son économie et de lutter contre des tarifs douaniers potentiels. Cependant, le Parti communiste chinois pourrait maintenir ses mesures d’assouplissement à un rythme plus modéré, afin d’éviter une relance excessive, comme celles que le pays a connues par le passé. La Banque du Japon devrait augmenter modestement ses taux face à une inflation un peu plus élevée, et chercher à continuer de s’éloigner de la politique de taux d’intérêt à 0 % de la dernière décennie. Enfin, les taux des marchés émergents pourraient varier en fonction des circonstances locales, certains pays majorant les taux face à une inflation élevée et d’autres optant pour une réduction afin de stimuler davantage la croissance. En résumé, nous nous attendons à ce que le contexte mondial qui prévaut soit celui d’une baisse des taux directeurs à l’aube de 2025, ce qui devrait soutenir les économies et les marchés financiers, mais le parcours risque de comporter de nombreux rebondissements au cours de l’année.
David Stonehouse supervise les équipes des investissements nord-américains et spécialisés de Placements AGF, tout en continuant de veiller à la gestion directe de portefeuilles dans le cadre de ses mandats actuels.
En s’appuyant sur près de 30 ans d’expérience dans la gestion de mandats équilibrés et de titres à revenu fixe, il a recours à un processus d’investissement rigoureux conjuguant une méthode d’analyse descendante quant à la duration et à la répartition de l’actif, à une approche ascendante pour la sélection de titres. David Stonehouse est membre du Bureau du chef des investissements, une structure mise en place au sein de l’équipe de gestion des investissements de Placements AGF, qui vise à encourager et à renforcer la collaboration et la responsabilisation active entre les membres de l’équipe et dans l’ensemble de la Société.
Il est titulaire d’un baccalauréat en sciences appliquées de l’Université Queen’s et d’un MBA en finance et comptabilité de l’Université McMaster, en plus d’être analyste financier agréé (CFA®).
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