Qu’est-ce que l’investissement durable?
Par: AGF Investments • le 13 juin 2019
Le créneau initial né de la volonté d’investisseurs qui souhaitaient investir en fonction de problèmes qui leur tiennent à cœur a évolué. Il a pris la forme d’une adhésion croissante à l’idée que l’intégration des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans les stratégies de placement peut avoir des retombées positives pour la planète et les questions sociales, tout en générant une grande valeur à long terme pour les actionnaires.
L’investissement durable ou responsable désigne les stratégies de placement qui prennent en compte les questions ESG dans le cadre du processus décisionnel d’investissement. Les stratégies d’investissement traditionnelles ne tiennent pas compte, ou à peu près pas, de l’intégration des facteurs ESG dans le processus d’investissement.
Exemples de facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance :
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Relations avec |
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L’intérêt pour l’investissement responsable ou durable s’est accru substantiellement au cours de la dernière décennie partout dans le monde et dans tous les secteurs : des particuliers jusqu’aux plus grandes institutions. L’actif des stratégies d’investissement responsable à l’échelle mondiale s’élève maintenant à environ 31 000 G$US, soit une hausse de 34 % en regard de 2016.
Plusieurs facteurs ont contribué à la croissance rapide des actifs, dont :
• Un intérêt accru du public pour les questions ESG;
• Une meilleure compréhension du lien entre les approches, le rendement et les objectifs durables.
Les Principes pour l’investissement responsable des Nations Unies, un réseau international de gestionnaires d’actifs dont les placements totalisent environ 80 000 G$US, ont aidé à démontrer la valeur de ces approches de placement, en plus de sensibiliser et d’informer les investisseurs sur l’importance des facteurs ESG.

Source : PRI ONU, juin 2018.
Compte tenu de l’intérêt croissant pour l’approche ESG, les équipes de gestion de placements, les stratégies et les produits ont tous connu une évolution rapide. Il en va de même pour les données et les outils offerts pour évaluer ceux-ci. Un vaste éventail d’approches et de produits a aussi été élaboré afin de satisfaire à la demande. Entre autres, des équipes de gestion de placements traditionnels ont commencé à tenir compte des facteurs ESG, et l’on assiste à la mise en œuvre de stratégies d’impact hautement spécialisée.
Des recherches ont pu récemment témoigner des avantages de ces approches d’investissement durable en démontrant qu’elles peuvent non seulement contribuer à la réalisation d’objectifs traditionnels, mais aussi créer une valeur ajoutée.
La prise en compte des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance aide à réduire l’exposition aux risques et à atténuer les baisses dans un portefeuille. Des recherches menées par MSCI ont révélé que dans le classement des sociétés de l’indice MSCI Monde selon le pointage ESG, les 20 % de titres présentant les pires résultats ESG ont connu trois fois plus de pertes que les 20 % de titres présentant les meilleures normes.

Source : Indice MSCI Monde, de janvier 2007 à mai 2017. Remarque : MSCI utilise une fenêtre de trois ans complets pour présenter les résultats. Pour chaque mois, MSCI indique le nombre d’actions qui ont réalisé une perte cumulative de plus de 95 % pendant les trois années suivantes, en utilisant le cours à la fin du mois à titre de point de référence pour le calcul du rendement. Ainsi, le dernier point de données est en mai 2014. Vous ne pouvez pas investir directement dans un indice.
Les recherches ont aussi montré qu’il existe un lien entre le pointage ESG d’une société et son rendement financier. En effet, une méta-analyse de plus de 2 000 études empiriques réalisées dans les 50 dernières années a révélé une corrélation positive entre le pointage ESG d’une société et son rendement financier 62 % du temps.

Source : Friede, Busch, Bassen, décembre 2015.
Toutefois, l’évolution rapide de l’investissement durable a possiblement engendré des lacunes dans la compréhension générale de certains concepts, une difficulté à faire la différence entre des stratégies dont les objectifs sont distincts et des inquiétudes concernant « l’écoblanchiment ».
L’investissement durable s’ouvre sur un vaste éventail de méthodes qui présentent des différences importantes du point de vue de l’objectif de placement et de la finalité :
Approche d’investissement durable |
Sélection |
Intégration de facteurs ESG |
Mobilisation |
Investissement thématique |
Investissement à retombées sociales |
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Définition |
Exclusion des sociétés, des secteurs ou des pays en fonction de règles éthiques ou morales ou de croyances religieuses. |
Le processus de prise de décisions de placement repose à la fois sur les données, les recherches et l’analyse sur les facteurs ESG et les analyses financières traditionnelles. L’approche peut ne pas exclure explicitement l’investissement dans des pays ou sociétés indésirables, etc. |
Utilisation du pouvoir |
Investissement dans des sociétés durables qui sont liées à des thèmes d’impact précis ou qui sont susceptibles d’en bénéficier (efficacité énergétique, infrastructures vertes, combustibles propres, infrastructures de transport à faibles émissions de carbone, etc.). |
Investissement dans des sociétés, des organisations et des fonds afin de générer un impact bénéfique mesurable d’ordre social ou environnemental parallèlement à un rendement financier. |
Finalité/ |
Éliminer l’exposition à un groupe de titres tout en poursuivant habituellement un objectif de placement traditionnel (croissance, revenu, etc.). |
Intégrer les risques liés aux facteurs ESG dans l’analyse de tous les placements comme une composante du risque financier, généralement avec deux principaux objectifs : réduire le risque ou améliorer le rendement parallèlement à la poursuite d’un objectif de placement traditionnel (croissance, revenu, etc.). |
Influencer le comportement des sociétés afin de faire progresser une question liée à des initiatives environnementales, sociales ou de gouvernance d’entreprise. La mobilisation et l’activisme des actionnaires pourraient s’ajouter aux objectifs de placement d’une stratégie. |
Offrir aux investisseurs une participation à un thème précis lié à un ou plusieurs domaines dans lesquels les besoins sociaux ou environnementaux peuvent créer des occasions de croissance. |
Privilégier la création d’un impact mesurable dans un ou plusieurs domaines dans lesquels certains compromis financiers doivent être faits pour répondre à un besoin social ou environnemental. |
Incidence sur |
Les critères d’exclusion peuvent avoir une influence moindre ou assez importante sur le rendement par rapport à celui d’une stratégie traditionnelle ou d’un indice de référence en raison de l’ampleur des exclusions, qui peuvent toucher des pays, des secteurs, des segments ou des sociétés en entier. |
Des études ont démontré que l’intégration a une incidence positive sur le rendement à long terme, car cette approche met l’accent sur la gestion des risques liés aux facteurs ESG et sur les conséquences qu’ils pourraient avoir sur le rendement à long terme. |
La mobilisation ou la participation des actionnaires n’ont pas de conséquence claire et directe sur le rendement. Celles-ci pourraient toutefois avoir des retombées positives et indirectes, en raison des décisions prises par les sociétés individuelles en réaction à la mobilisation liée la gestion de risques ESG à long terme. |
Le rendement devrait correspondre au rendement global des sociétés dans les secteurs isolés ou le surpasser. Le rendement peut différer considérablement de celui des indices de référence généraux vu l’approche plus restrictive. D’autres mesures servant à évaluer les conséquences sur le rendement pourraient être adoptées. |
En général, une stratégie est évaluée en fonction de la correspondance entre son objectif et l’impact du portefeuille. Les mesures de rendement traditionnelles sont souvent secondaires ou pourraient même être peu adaptées aux stratégies axées sur les « retombées sociales d’abord » ou entièrement axées sur ces dernières. |
Lorsque l’investisseur tente de choisir un type d’approche de placement à utiliser, il devrait d’abord définir clairement son objectif.
Les objectifs peuvent varier selon :
-
La conviction selon laquelle certains facteurs ESG pourraient avoir des répercussions importantes sur la valeur du titre détenu et pourraient ainsi nécessiter une certaine prudence;
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Le besoin d’exclure des placements qui ne sont pas conformes aux valeurs de l’investisseur;
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L’envie d’un investisseur d’avoir une influence marquée sur une cause environnementale, sociale ou de gouvernance.
Qui devrait envisager ces approches?
Approche d’investissement durable |
Sélection |
Intégration de facteurs ESG |
Mobilisation |
Investissement thématique |
Investissement à retombées sociales |
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Profil de l’investisseur |
Convient à l’investisseur qui a exprimé le désir ou le besoin d’adopter une approche par exclusion. |
Convient à l’investisseur qui souhaite atteindre l’objectif de placement mentionné au tableau précédent et à l’investisseur qui manifeste un intérêt pour les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance lorsqu’il fait des placements. |
Convient à l’investisseur qui souhaite atteindre l’objectif de placement mentionné |
Convient à l’investisseur dont l’objectif est de profiter du potentiel de croissance d’un thème en particulier. |
Convient à l’investisseur qui souhaite avoir un impact bénéfique et mesurable d’ordre social ou environnemental et obtenir un rendement financier. |
Comparer les gestionnaires et les stratégies dans chaque sous-ensemble d’approches représente un défi de taille. Même si des modèles sont mis en œuvre pour permettre aux investisseurs potentiels d’évaluer plus facilement les qualités de chaque équipe de placement ainsi que les résultats de leur approche, un travail supplémentaire doit être accompli afin d’élargir l’étendue des résultats qui proviennent des mesures de rendement traditionnelles pour y inclure des résultats liés à des objectifs de durabilité.
Par exemple, il est particulièrement difficile de mesurer l’impact environnemental d’un portefeuille, puisque de nombreuses sociétés présentent leurs données différemment, même celles issues d’un même secteur, et leur justesse peut être remise en question étant donné l’absence de validation par des tiers. Une pratique plus courante consiste à fournir des renseignements sur un seul facteur, tel que les émissions de carbone. Cela dit, cette méthode fait fi d’importants facteurs, comme l’utilisation de l’eau, la gestion des terres et les émissions toxiques, qui pourraient donner un aperçu plus complet de l’empreinte environnementale de la société.
Les gestionnaires d’actifs qui souhaitent obtenir davantage de renseignements sur les politiques ESG d’une société peuvent demander à des agences de notation ESG qu’elles évaluent la société en question et lui attribuent un pointage ESG. Bien que ces évaluations permettent aux investisseurs de comparer plus facilement des sociétés similaires, les agences de notation admettent que ce processus n’est pas sans faille. Les pointages ESG dépendent des données et des méthodes utilisées pour les attribuer et sont souvent fondés sur des données non standards et recueillies par les sociétés elles-mêmes.
Les gestionnaires d’actifs peuvent déployer beaucoup plus d’efforts pour encourager les sociétés dans lesquelles ils investissent à tenir compte des questions ESG et à fournir des renseignements à cet égard. Ils peuvent aussi fournir davantage de renseignements sur leur propre méthode de placement durable et les recherches qu’ils effectuent pour prendre des décisions.
En tant que chefs de file du mouvement prônant les placements durables, des autorités européennes ont présenté une série de propositions dans leur « Plan d’action : financer la croissance durable » qui vise, entre autres, à établir des normes en matière de transparence lorsque des gestionnaires d’actifs présentent des produits comme étant « durables » ou « verts », et ce, pour qu’il soit possible de comparer ces produits et pour décourager les affirmations trompeuses.
Plus précisément, les propositions visent les objectifs suivants4:
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Clarifier la définition en créant un système de classification à l’échelle de l’Union européenne, afin de fournir aux sociétés et aux investisseurs une terminologie commune permettant de déterminer à quel niveau des activités économiques peuvent être considérées comme durables sur le plan environnemental.
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Faire en sorte que les gestionnaires d’actifs, les investisseurs institutionnels, les distributeurs de produits d’assurance et les conseillers en placement prennent en compte des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance dans leurs décisions de placement et leurs processus de conseil dans le cadre de leur mission consistant à agir au mieux des intérêts des investisseurs et des bénéficiaires.
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S’assurer que les gestionnaires d’actifs et les investisseurs institutionnels qui déclarent poursuivre des objectifs de durabilité soient tenus d’indiquer de quelle manière leurs placements sont en phase avec ces objectifs, ce qui se traduira par une plus grande transparence vis-à-vis des investisseurs finaux, tout en permettant de comparer les produits et de décourager « l’écoblanchiment » ou les informations trompeuses.
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Faire en sorte que les sociétés de placement et les distributeurs de produits d’assurance intègrent des préférences en matière de durabilité dans leurs tests d’adéquation lorsqu’ils conseillent les investisseurs,
et que les produits proposés répondent aux besoins de
leurs clients.
Même si le Canada et les États-Unis n’ont pas encore entrepris les mêmes démarches que l’Europe afin d’adopter une orientation politique bien définie, les gestionnaires d’actifs qui exercent des activités dans ces deux pays commencent à accroître leur transparence et à adapter les renseignements qu’ils communiquent en fonction des propositions plus exigeantes des organismes de réglementation européens.
Quel que soit le pays dans lequel ils se trouvent, les gestionnaires d’actifs peuvent définir clairement l’objectif de leur approche de placement dans le contexte d’investissement durable dans son ensemble. Ils peuvent aussi chercher à informer les investisseurs afin que ces derniers puissent bien comprendre les différences importantes entre chaque approche et leurs objectifs respectifs. Les initiatives comme celles qui ont été lancées par les organismes de réglementation européens représentent des avancées majeures en vue de favoriser une meilleure compréhension ainsi que la normalisation du mouvement prônant l’investissement durable, lequel est désormais bien établi.
1 Global Sustainable Investment Review 2018, Global Sustainable Investment Alliance.
2 Source : Friede, Busch, Bassen, décembre 2015.
3 http://europa.eu/rapid/press-release_MEMO-18-3730_en.htm
4 http://europa.eu/rapid/press-release_MEMO-18-3730_en.htm
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Date de publication : le 24 mai 2019.