Une nouvelle loi américaine donne un coup de pouce aux investissements axés sur la durabilité
Une nouvelle loi américaine donne un coup de pouce aux investissements axés sur la durabilité
En dépit de son nom, la loi Inflation Reduction Act pourrait être l’initiative de réduction des émissions de carbone la plus importante à ce jour – et elle devrait créer des occasions à long terme pour les investisseurs dans le contexte de la transition énergétique mondiale.
Le 16 août 2022, le président Joe Biden a signé la loi Inflation Reduction Act (l’« IRA » ou la loi sur la réduction de l’inflation). En dépit de son nom, cette loi représente en fait l’un des engagements gouvernementaux les plus importants de l’histoire en matière de réduction des émissions de carbone. Dans le cadre de cette loi, la majeure partie des dépenses initiales – qui s’élèvent à environ 370 G$US sur dix ans – est destinée à un vaste éventail d’investissements dans la production et la fabrication d’énergie, y compris les technologies climatiques comme le stockage d’énergie et l’hydrogène vert, et vise à favoriser l’établissement de chaînes d’approvisionnement en technologies propres aux États-Unis et ailleurs où se trouvent ses partenaires de libre-échange, y compris le Canada. La signification de tout cet argent est peut-être encore plus extraordinaire que le montant lui-même, à savoir que les États-Unis, dont l’engagement à lutter contre le changement climatique a été remis en question pendant de nombreuses années (c’est le moins que l’on puisse dire), participeront pleinement à la transition verte. Étant donné que ce pays constitue le marché le plus important et le plus liquide du monde, l’IRA pourrait être l’initiative de réduction des émissions de carbone la plus importante à ce jour. Elle devrait également stimuler les investissements thématiques dans des entreprises ciblant les problèmes clés de durabilité auxquels nous sommes confrontés.
Les dépenses fédérales initiales de 370 G$US liées à l’IRA pourraient n’être qu’un début. Selon une recherche effectuée par Credit Suisse, elles pourraient dépasser 800 G$US sur dix ans, soit plus du double de l’estimation du Congressional Budget Office, c’est-à-dire des dépenses publiques et privées combinées pouvant excéder 1,7 T$US. Déjà, de nombreuses entreprises se sont engagées à investir d’importantes sommes aux États-Unis. Par exemple, deux fabricants de batteries pour véhicules électriques se sont avancés à consacrer plus de 4 G$US et de 2,5 G$US, respectivement. Ces participations du secteur privé sont en grande partie attribuables à l’adoption de cette loi.
Le moment choisi est également remarquable. Même en cas de récession, les incitatifs relatifs à l’IRA demeureront disponibles pour les projets de technologies propres admissibles, protégeant ainsi les entreprises positionnées pour récolter les avantages des crédits d’impôt, et ce, peu importe l’environnement macroéconomique. Entre-temps, les États-Unis devraient être compétitifs dans les domaines de l’hydrogène, du captage et du stockage du carbone, du solaire photovoltaïque et de l’éolien – et les États à tendance républicaine sont susceptibles de bénéficier le plus des investissements du secteur privé qui profiteront de cette loi. Par exemple, le Tennessee devrait recevoir environ 18 G$US, ce qui stimulera le taux d’emploi de cet État. De même, la Géorgie, la Caroline du Sud et d’autres États qui penchent à droite du centre sur le plan politique toucheront également des milliards de dollars pour des investissements privés dans les technologies propres. Par conséquent, peu importe le parti qui occupe la Maison-Blanche ou contrôle le Congrès, l’IRA devrait rester largement intacte et procurer de la stabilité pendant la prochaine décennie.
Le solaire et l’éolien reçoivent une aide fort nécessaire
L’IRA rétablit les crédits d’impôt à leurs taux complets pour les projets solaires et éoliens et veille à ce que ces taux restent en vigueur pendant au moins dix autres années; cela permettra de lever toute ambiguïté découlant de la série précédente de prolongations de deux ans des crédits d’impôt, qui étaient contre-productives pour les stratégies commerciales et les investissements à long terme. La loi prévoit également le financement d’autres infrastructures renouvelables, nommément la géothermie et l’hydroélectricité. Le crédit d’impôt à la production (« CIP »), indépendant de la technologie, est plafonné à 0,03 $US/MWh pour les services aux collectivités, en fonction des émissions de gaz à effet de serre du réseau électrique. Le crédit d’impôt à l’investissement (« CII »), également indépendant de la technologie, est fixé à une réduction de 30 %. L’augmentation de la production d’électricité à partir de sources renouvelables dans les réseaux électriques peut diminuer considérablement les émissions et les coûts qui y sont associés.
L’hydrogène propre pourrait entrer dans une période d’hypercroissance
Le marché mondial de l’hydrogène vert devrait connaître une hypercroissance, vu la demande grandissante de sources d’énergie de remplacement et le soutien accru par l’entremise d’incitatifs gouvernementaux. Selon l’Agence internationale de l’énergie, l’hydrogène propre bénéficie actuellement d’un élan politique et commercial sans précédent. Le moment est venu de développer les technologies et de faire reculer les coûts pour que l’hydrogène joue un rôle important parmi les options de production d’électricité propre offertes, au même titre que le solaire et l’éolien. L’IRA instaure un moyen d’alléger une grande partie de ces coûts, ce qui favorisera une croissance vigoureuse. Cette loi offre un CIP pour l’hydrogène propre sur dix ans, selon la quantité d’hydrogène admissible produite dans une installation avant le 1er janvier 2033. Le crédit d’impôt, divisé en quatre paliers, peut atteindre 3 $US/kg en fonction de l’intensité de carbone de l’hydrogène produit.
Cette loi pourrait donc faire augmenter la demande de façon spectaculaire. Selon les estimations de McKinsey, avec le soutien du gouvernement, la demande devrait être de quatre à six fois supérieures aux prévisions antérieures à l’entrée en vigueur de l’IRA.
Impact de cette loi sur la demande d’hydrogène vert et bleu
Crédits d’impôt pour les consommateurs de véhicules électriques
Aux États-Unis, des crédits d’impôt sont destinés aux consommateurs de véhicules électriques (« VE »), y compris les VE à batterie, les VE hybrides rechargeables et les VE à pile à combustible, dans une fourchette de prix selon la catégorie du véhicule, afin d’aider à stimuler davantage la demande. En vertu des nouvelles dispositions, les minéraux critiques des batteries de VE provenant d’« entités étrangères préoccupantes », comme la Chine, ne seront plus admissibles au crédit d’impôt après le 31 décembre 2023. L’IRA exige également que 40 % ou plus des minéraux critiques des batteries proviennent des États-Unis ou d’un partenaire commercial d’ici 2024 pour permettre l’admissibilité à un crédit d’impôt. L’échelle d’ajustement augmente jusqu’en 2029, quand une part beaucoup plus importante des minéraux critiques devra provenir d’Amérique du Nord. Si la batterie satisfait à l’exigence d’approvisionnement, le consommateur peut bénéficier d’un incitatif de 3 750 $US. Des règles semblables s’appliquent aux composants d’une batterie; un montant supplémentaire de 3 750 $US pourrait être crédité au consommateur, selon le lieu de fabrication des composants de la batterie.
Ces règles visent à donner la préférence aux fournisseurs nord-américains, en encourageant le réalignement des chaînes d’approvisionnement en batteries de VE. Les entreprises automobiles en amont et en aval des chaînes d’approvisionnement devront déterminer si elles doivent apporter ou non des changements pour se conformer à ces dispositions, ainsi que le moment auquel les appliquer. L’IRA devrait créer de nouvelles chaînes d’approvisionnement en VE, dont le besoin se fait cruellement sentir, et rapprocher les coûts des VE de ceux des véhicules à moteur à combustion interne.
Les conditions favorables à la politique appuieront de nombreux thèmes axés sur la durabilité
Les investisseurs prisant les investissements durables devraient bénéficier d’un univers croissant d’entreprises qui peuvent tirer parti de cette loi, y compris des titres déjà existants. L’IRA offre d’énormes possibilités d’investissement dans de multiples thèmes axés sur la durabilité. Par exemple, elle prévoit environ 20 G$US pour soutenir les pratiques agricoles qui réduiront les émissions de gaz à effet de serre et augmenteront le captage du carbone. Il convient également de noter que le CIP offert au regard du captage, de l’utilisation et du stockage du carbone (« CUSC ») a été prolongé de dix ans et élargi pour inclure des installations admissibles supplémentaires et des crédits accrus. Le CUSC permet d’éliminer les émissions de carbone des réactions chimiques et constitue la seule option viable pour décarboniser davantage ce processus, même après l’élimination des combustibles fossiles.
Les investisseurs axés sur la durabilité profiteront des incitatifs fiscaux à long terme ciblant les VE, l’hydrogène, le solaire et l’éolien, ainsi que l’agriculture et d’autres secteurs des États-Unis et d’autres régions. L’adoption de l’IRA arrive non seulement à point nommé sur le plan de la politique verte, mais aussi pour les investisseurs à la recherche d’occasions dans le cadre de la transition énergétique mondiale.

Martin Grosskopf gère les stratégies d’investissement durable d’AGF et met son savoir-faire sur les questions de durabilité et sur les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) au service des autres équipes d’investissement d’AGF. Leader éclairé en matière de questions ESG et de « finance verte », il donne fréquemment des conférences sur ces sujets, en plus d’être vice-président du comité technique du Groupe CSA pour la finance verte et de transition. Il a également siégé au conseil d’administration de l’Association pour l’investissement responsable (AIR).
M. Grosskopf possède plus de 30 ans d’expérience dans le domaine des analyses financières et environnementales. Il était auparavant directeur de la recherche, Développement durable et gestionnaire de portefeuille à Acuity Investment Management Inc., que La Société de Gestion AGF Limitée a acquise en février 2011. Avant ses débuts dans l’industrie financière, il a travaillé dans divers domaines liés à la gestion et à l’évaluation de l’environnement, de même qu’à l’atténuation des impacts sur l’environnement. Il a été directeur de projet pour CSA International de 1997 à 2000, après avoir été scientifique spécialisé en environnement pour la société Acres International Limited.
Martin Grosskopf est titulaire d’un baccalauréat de l’Université de Toronto, d’une maîtrise en études environnementales de l’Université York et d’un MBA de la Schulich School of Business.
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